Vins et Chocolat…
Le vin et le chocolat ! Deux planètes bien distinctes, immenses, qui attisent désirs, convoitises et rêves fous, et sont les sources de tant de plaisirs, d’excès, de fulgurances. Lorsque ces deux mondes, qui ont leurs règles, leurs structures, leurs adeptes en viennent à se télescoper, c’est souvent pour se détruire tant leurs attributs sont puissants et contradictoires. Mais il est aussi des fusions sublimes qui font de grandes symphonies, alors les qualités de l’un s’harmonisent et décuplent celles de l’autre.
Apprécier ou associer vins et chocolat poussent à rechercher les rapports secrets qui les unissent. Tous deux sont le fruit de la nature diverse et généreuse, tous deux sont chargés d’histoire et prodiguent de vrais bonheurs et de fins plaisirs par leur action bienfaisante si on sait en user sans excès, avec sagesse.
Comme le vin, il est un produit riche, complexe, changeant. D’ailleurs ils partagent tous deux le même vocabulaire lors de dégustations. Tandis que le nectar des dieux est convivial, le chocolat peut être un mets solitaire, une sorte d’aventurier un brin misanthrope, à la recherche de fusions parfaites qu’il sait pratiquement illusoires. Cependant, on peut prétendre que le chocolat voue une véritable passion aux vins doux naturels comme ceux du Roussillon : Banyuls, Maury, Muscats. Il faut avoir savouré au moins une fois dans sa vie ces vins tantôt sombres et mystérieux, tantôt acajou et enjôleurs aux goûts bouleversants de fruits secs, d’épices, de bois brûlé, de cire, de cuir, de caramel pour comprendre qu’ils sont faits pour escorter le chocolat. Leurs tanins, leurs arômes se mêlent sans pour autant se masquer et donnent naissance à un accord feutré, tendre et violent à la fois, sorte de fusion ultime entre deux goûts, qui à l’évidence, étaient depuis la nuit des temps destinés à se rencontrer dans une dimension mythique.